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L'Histoire de la course moto

 

1ère partie : les premières courses (1894-1906)


Avertissement : les informations ci-dessous sont susceptibles d'être modifiées après de nouvelles découvertes.



 

La documentation datant de l'époque des débuts des sports mécaniques, la fin du XIX° siècle, est rare. Personne ne pouvait savoir à l'époque quelle importance prendraient ces engins pétaradants quelques années plus tard et les évènements liés à ce sport naissant restaient confidentiels.
Heureusement, le sport automobile a vite suscité la curiosité d'historiens qui ont su conserver des statistiques et c'est dans leurs archives que l'on trouvera les quelques traces des motos des premiers temps.
 

 

1894, le Paris-Rouen

 

Sur une idée de Pierre Giffard, rédacteur en chef du "Petit Journal", un concours de véhicules sans chevaux réunit une vingtaine d'engins le 22 juillet sur un parcours reliant Paris à Rouen.
Si ça n'est pas véritablement une course, nous avons là le premier évènement des sports mécaniques mais on ne trouve pas trace de deux-roues parmi les engagés.
 

 

1895, la première ?

 

Le samedi 18 mai 1895 est donné à Turin (Italie) le départ d'une course dont le parcours de 93 km relie Turin à Asti et retour. Cette course est considérée par les historiens du sport automobile comme étant la première course automobile de l'Histoire.
Sur les cinq engagés, deux conduisaient des deux-roues. Nous avons donc là la
première course impliquant des deux-roues motorisés. L'Allemand Alois Wolfmüller et l'Italien Giovanni Battista Ceirano, pilotant des Hildebrand & Wolfmüller finissent deuxième et troisième derrière la Daimler à vapeur de Simone Federmann.

Dans la course Paris-Bordeaux-Paris, disputée du 11 au 13 juin et première du genre en France, figuraient deux deux-roues, une Millet pilotée par Paul Millet et une Duncan & Superbie "Reine Pétrolette" pilotée par Georges Osmont. Elles ne verront malheureusement pas l'arrivée.
 

 

1896, la première (bis) ?

 

Défini cette année, la classe "motocycle" incluait les véhicules à moteur de moins de 150 kg sans distinction du nombre de roues (deux sous-classes distinguent les véhicules mûs par leur seul moteur de ceux assisté par le pédalage). On y trouvera des tricycles et, encore rares, des deux roues. Malheureusement, la confusion entre les termes motocycle et motocyclette (qui n'apparaîtra que sous une forme commerciale en 1897) entraînera de nombreuses erreurs dans la transcriptions des archives.

Le meilleur exemple en est la course d'Exelberg (Exelbergrennen), courue le 21 mai 1899 en Autriche. Elle est souvent citée comme la première véritable course de moto de l'histoire mais son vainqueur, Arnold Spitz, pilotait un tricycle De Dion.
[www.austria-motor-veterans.at]

le 24 mai, un certain Lotz (Hildebrand & Wolfmüller) finit la première étape du Bordeaux-Agen-Bordeaux en dernière position et abandonne.

Le 20 septembre est donné Porte Maillot à Paris le départ de ce qui serait la première course ouverte aux seuls motocycles, le Paris-Mantes-Paris (prologue qualificatif du Paris-Marseille-Paris). Seul engagé avec un deux-roues, D'Ofraiville, sur une Wolfmüller, a abandonné, victime de problèmes de pneus.
 

 

1897, la première (ter) ?

 

La plupart des résultats trouvés pour cette année ne font état que de motocycles et il est difficile d'y déceler les deux-roues.

En France, quelques courses automobiles verront la participation timide et peu fructueuse de bicycles à moteur. Le résultat le plus marquant sera celui de Gans de Fabrice dans la Coupe des motocycles en juin.

Beaucoup assurent que la première course de deux-roues de l'Histoire connue fut une course disputée le 29 novembre sur un circuit ovale d'un mile à Richmond, Surrey (Angleterre). Elle fut remportée par l'Anglais Charles Jarrott sur une Fournier. (J'ai toutefois un doute sachant que Jarrott et Fournier sont des noms plutôt liés à l'automobile)

Les Français Michel et Eugène Werner déposent le terme motocyclette pour leur engin, un deux-roues à moteur au-dessus de la roue avant (comme un Solex).
 

 

1898 - 1900

 

Ces trois années voient fleurir un peu partout en Europe des courses ouvertes à toutes sortes de véhicules et notamment aux "motocycles" mais là encore il est rare d'y trouver mention de deux-roues.

La seule vraie course de deux-roues que j'ai pu trouver pour cette période est le Critérium des motocyclettes, (Etampes-Chartres) qui se trouve ainsi être la première course de deux-roues en France. C'est Eugène Labitte qui le remporte sur une Pernoo.
 

 

1901, enfin des motos

 

On sait que les marques De Dion, Darracq, Perfecta, Soncin ou Aster désignent des tricycles. Toutefois Darracq construisait également un deux-roues sous le nom Gladiator et c'est associé à cette marque que Léon Demester remporte le 25 mars la course Nice-Salon-Nice.

Le 13 octobre, le Suisse Armand Dufaux remporte la course Trelex-Saint-Cergues au guidon de sa Motosacoche.
 

 

1902

 

Le 11 mai, la 4ème Exelbergrennen comporte cette fois une classe Motorzweiräder unter 50 kg que remporte l'Autrichien Václav Laurin sur une Laurin & Klement.
Le 29 juin, Auguste Bucquet remporte la classe deux-roues du Paris-Vienne (troisième Coupe Gordon Bennett pour les autos) sur une Werner. En fait les motocycles ne feront que Bregenz-Vienne, tout de même 990 km de routes de l'époque que Bucquet, apparemment seul engagé sur deux-roues, couvrira en presque 36 heures !
Eugène Labitte se classe deuxième.

Le 27 juillet voit la première course organisée sur un circuit routier fermé. Le "Circuit des Ardennes" est tracé dans la région de Bastogne en Belgique. Le Français Léon Derny y remporte la classe deux-roues sur une Clément-Gladiator bicylindre. Derny remportera cette année également les courses de côte du Mont-Ventoux et de Semmering.

En Grande-Bretagne où une loi limite sévèrement la vitesse et donc interdit la compétition sur route, l'Auto-Cycle Club (A.C.C.) organise son premier meeting sur une piste relevée à Crystal Palace au sud de Londres. Le vainqueur de la course d'une heure est le Hollandais J. van Hooijdonk sur une Phoenix à moteur Minerva.
 

 

1903

 

Le tristement célebre Paris-Madrid est interrompu à Bordeaux le 24 mai après des accidents de voitures causant huit morts. Bucquet, toujours sur Werner, sera une fois de plus le vainqueur en deux-roues.

Le deuxième Circuit des Ardennes le 20 juin voit la victoire de Léon Demester sur une Griffon.

Une course de motos est organisée à Dublin (Irlande) dans le cadre de la 4ème Coupe Gordon-Bennett. Les motos y sont séparées en trois catégories de poids : 70 livres (C. Garrard sur Clément), 114 livres (A. Gommers sur Gamage) et 170 livres (Harry Martin).

Encore au Parc-des-Princes du 16 au 20 septembre est organisé le Critérium du Quart-de-litre. Pour la première fois c'est le critère de la cylindrée (1/4 de litre = 250cc) qui intervient. La victoire ira à Mignard sur une Georgia-Knap.
 

 

1904, La Coupe Internationale

 

La dernière édition de l'Exelbergrennen, le 8 mai, voit les victoires de Eduard Nikodem sur Puch et de Václav Vondřich sur Republic dans les deux classes réservées aux motos.

En mai, la course du Parc-des-Princes est baptisée Grand Prix de la République. Les intempéries obligeront les organisateurs à faire disputer la finale au Vélodrome d'Hiver. Celle-ci est remportée par l'ancien cycliste Marius Thé sur une Clément 4-cylindres.

Le 25 septembre, le jeune Motocycle-Club de France (M.C.F.) organise la première course internationale de motos en invitant les clubs motocyclistes nationaux de quatre autres pays, l'Allemagne (DMV), l'Autriche (ÖAC), le Danemark et la Grande-Bretagne (ACC) à en découdre sur un circuit de reliant Dourdan, St-Arnoult, Ablis et retour à Dourdan (5 tours, soit 268 km au total). Ce sera la première Coupe Internationale.
La victoire et donc le droit d'organiser de nouveau cette coupe en 1905 va à la France grâce à Léon Demester et sa Griffon, mais déjà la discorde s'installe à cause de nombreuses crevaisons dues à des clous semés sur le parcours.

Le Critérium, devenu du "Tiers-de-litre", disputé en octobre, est remporté par l'Italo-français Alessandro Anzani sur une Alcyon.

Les délégations des pays ayant participé à la Coupe Internationale se retrouveront le 21 décembre au restaurant Ledoyen à Paris pour y créer la Fédération Internationale des Clubs Motocyclistes (F.I.C.M.).
 

 

1905

 

C'est cette fois le Tchèque Václav Vondřich sur Laurin & Klement qui remporte la deuxième Coupe Internationale disputée à Dourdan le 25 juin. Vondřich est Tchèque et c'est donc l'Empire Austro-Hongrois qui organisera la Coupe de 1906.

Le 19 juillet, la course organisée au Vélodrome de Zurenborg à Anvers (Belgique) porte le titre de Championnat du Monde de moto. Anzani, sur une Alcyon à moteur Buchet culbuté 1/3 de litres, remporte la finale après la chute du Belge Jan Olieslagers (Minerva) et devant le Français André Pernette (Alcyon). Alessandro Anzani devient donc le premier champion du Monde de l'Histoire.
Jan Olieslagers (1883-1942), dit le "Démon Anversois" deviendra un héros de l'aviation belge durant la guerre de 14. Ses biographies indiquent qu'il fut champion du Monde de vitesse pure en 1902 (?).
Note : certaines sources disent que le premier championnat du Monde était le Grand Prix de la République de 1904.

Alessandro Anzani, immigré italien, était l'employé d'Edmond Gentil (petit fils de l'immigré italien Bernado Gentile) détaché à l'usine Buchet. L'ingénieur du groupe Gentil était Jean-Ambroise Farcot qui dut quitter la société Gentil pour poursuivre les activités de son beau-père disparu au sein de la maison Albaret qui deviendra Farcot-Albaret. Enfin, Anzani poursuivit les recherches de Farcot pour les moteurs d'avions et s'inspira très fortement du Farcot 3 cylindres en éventail qui permit à un certain Louis Blériot de traverser la Manche en 1909.

Document et précisions Didier Mahistre

 

 

1906

 

La troisième Coupe Internationale se déroule à Pacov (Patzau) en Bohême le 25 juin.
L'Autrichien Eduard Nikodem l'emporte sur une Puch mais l'équipe locale est soupçonnée de tricherie. Un sidecar rempli de pièces pour les Puch a été vu aux abords du circuit malgré l'interdiction de toute assistance aux concurrents.
L'équipe britannique déposera une réclamation qui n'aboutira jamais. Lors d'une réunion après la course, les quatre pays participants (Il n'y a pas le Danemark) décident de dissoudre la F.I.C.M. qui ne sera que mise en sommeil à la garde des Anglais.
Dans le train qui les ramène en Angleterre quatre hommes discutent de l'avenir...

LES TROIS COUPES INTERNATIONALES

25/09/1904
Dourdan (France)

25/06/1905
Dourdan (France)

08/07/1906
Pacov (Bohème)

1- Léon Demester (F, Griffon)
2. František Toman (A, Laurin & Klement)
3. Jean Inghilbert (F, Griffon)
4. Dominique Lamberjack (F, Griffon)
5. Václav Vondrich (A, Laurin & Klement)
 

1. Václav Vondrich (A, Laurin & Klem.)
2. Giosué Giuppone (F, Peugeot)
3. Léon Demester (F, Griffon)
(disqualifié selon certaines sources)

1. Eduard Nikodem (A, Puch)
2. Louis Obruba (A, Puch)
3. Harry Collier (GB, Matchless)
4. Georg Retienne (D, Progress)

Le 26 juin, l'Automobile Club de France inaugure la formule d'une grande course nationale annuelle de prestige, le Grand Prix de l'A.C.F., disputé sur le circuit de la Sarthe à l'Est du Mans.
La firme britannique Matchless obtient sa première victoire sur la piste de Canning Town grâce à Bert Colver le 14 juillet lors du meeting de l'Essex Motor Club.


 

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