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L'Histoire de la course moto

7^ème partie : L'après-guerre (1945-1948)

Le président des États-Unis, Harry Truman, declare la guerre définitivement finie le 15 août après la reddition du Japon.

Dans l'Europe dévastée, la F.I.C.M. aura à rétablir son autorité en gérant les problèmes politiques (exclusion de l'Allemagne) et matériels (essence rare et pauvre, circuits détruits...). Les courses organisées en 1945 ne seront que des courses nationales.

La première vraie course dont nous ayons trouvé trace est un meeting à Bangor Castle en Irlande du Nord disputé en jullet. Cromie McCandless et Ernie Lyons y ont chacun remporté leur classe.
En France, le 9 septembre, les Coupes de Paris, reconnues également comme la première course automobile d'après-guerre, verront les victoires de Marcel Perrin (250 OK-Supreme) et Yves Cauchy (350 et 500 velocette). Un peu plus tard, un jeune cycliste du nom de Jean Behra remportera à Nice sa première victoire en moto.
La Belgique verra déjà la renaissance du GP des Frontières à Chimay.

Lors de son congrès de printemps en juin, la F.I.C.M. officialise l'exclusion de l'Allemagne conformément aux recommandations des puissances alliées. Les courses en Allemagne seront soumises à l'autorisation des occupants. L'Autriche, la Hongrie et la Roumanie verront leur cas étudié plus tard.

Le 9 mai à Chimay, l'AJS V4 suralimentée de 1939 remporte son unique victoire grâce à Jock West.

Le 15 mai, l'U.M.F. devient la F.F.M. (Fédération Française de Motocyclisme).

Le 7 juin, le champion d'Europe 350cc 1938 (et, pour certains, 1939), Ted Mellors, 39 ans, décède d'une intoxication au monoxyde de carbone en travaillant sur sa voiture dans un garage fermé.

Le Grand-Prix de Suisse couru cette année sur le circuit des Nations à Genève est la première "classique" à reprendre place au calendrier. Nello Pagani y fait gagner pour la dernière fois une machine compressée dans une épreuve FICM.
 

Le 14 juillet, le Grand-Prix de Knokke-le-Zoute est endeuillé par les accidents de l'Anglais George Cott et du champion belge Grizzly (de son vrai nom Gilbert de Rudder) récent vainqueur du GP de la Cambre à Bruxelles.

A défaut de Tourist Trophy, l'Ile de Man verra réorganisé le Manx GP du 3 au 5 septembre. Les vainqueurs en seront Ernie Lyons (500 Triumph), Ken Bills (350 Norton) et L.W. Parsons (250 Rudge).

Autre classique renaissante, le Dutch TT ne sera lui qu'une course nationale dont les vainqueurs seront champions des Pays-Bas cette année.
 

En France, Montlhéry est réouvert le 16 février par une série de courses nationales.

Aux Etats-Unis le 23 février renaît l'épreuve des 200 miles de Daytona qui n'est encore qu'une course de vitesse sur plage. La victoire de cette sixième édition va à l'Indian de Johnny Spiegelhoff.

Lors de son congrès de printemps la F.I.C.M. prend l'importante décision d'interdire les systèmes de suralimentation des moteurs et d'imposer l'usage du carburant du commerce. Elle reprend le système des GP d'Europe d'avant 1938 et attribue ce titre cette année au Grand prix de Suisse.
Avec l'assurance de courses dûment sanctionnées par la F.I.C.M., les constructeurs commencent à retrouver le chemin des circuits et s'adaptent au nouveau règlement. Norton a ressorti la vieille Manx sous la houlette du revenant Joe Craig. AJS a laissé tomber sa machine compressée pour mettre en chantier le twin "Porcupine". Gilera a simplement démonté le compresseur de sa 4-cylindres qui y laisse la moitié de sa puissance. Certains pilotes de la firme d'Arcore préféreront le mono "Saturno".

Le Grand Prix de Suisse, cette année Grand Prix d'Europe, retrouve le circuit de Berne. Malheureusement, les organisateurs ont choisi la même date que ceux du TT et Ni les uns ni les autres ne lâcheront. Il n'y aura que peu de Britanniques à Berne et ceux-ci ne reconnaîtront jamais vraiment ces titres européens.
L'Italien Jader Ruggeri trouve la mort aux essais. Il était le fils d'Amedeo Ruggeri, vainqueur en 500 du premier GP des Nations en 1922 et tué lors d'une tentative de record pour Maserati en décembre 1932. Ses frères Luigi et Ruggero sont également pilotes.
Fergus Anderson sera le héros de l'année. Non seulement il remporte le GP d'Europe 350 et est donc titré champion d'Europe, mais il finit également les deux autres catégories solo sur le podium (3ème en 250 sur Guzzi et 3ème en 500 sur Norton). Il ne remportera pas moins de 13 victoires sur les circuits européens en 1948.
 

Le Tourist Trophy de l'Ile de Man retrouve enfin sa place au calendrier international.
Pour retrouver l'ancien esprit du TT, les organisateurs ajoutent aux courses traditionnelles les courses "clubmens" ouvertes aux machines de série. Les vainqueurs en sont en 250 Basil Keys (AJS), en 350 Denis Parkinson (Norton) et en 500 Eric Briggs (Norton). Le deuxième en 500 est Allan Jefferies dont le fils Tony et les petits-fils Nick et David deviendront des grands du TT avec 13 victoires à eux trois.
 

Le Dutch TT, redevenu international mais réduit cette année à deux classes, est la première confrontation entre Britanniques et Italiens depuis 1939.
 

Le GP de Belgique réapparaît à son tour...
 

... comme l'Ulster GP.
 

Les 31 août et 1er septembre, le premier Bol d'Or de l'après-guerre, disputé au Bois de Boulogne voit la victoire de Gustave Lefèvre (Norton 500) qui couvre 2058 km.

Le circuit de Monza ayant servi de dépôt militaire durant la guerre il aura besoin d'être entierement reconstruit avant d'accueillir de nouvelles compétitions. C'est sur un circuit tracé dans la ville de Milan (Circuit de la Foire) que se déroule le GP d'Italie (Moto-Revue annonçait le "Prix des Nations").
 

Avec le GP d'Italie, ce sont six des neuf "Classiques" qui sont de nouveau organisées. Manquent encore les Grand Prix de France et de Suède et, par force, celui d'Allemagne.
En Allemagne où les règles de la F.I.C.M. n'ont pas à être suivies, les DKW et BMW compressées sont ressorties. On y court un peu partout, sur circuit et en courses de côte, hormis dans la zone soviétique où se trouvent le Sachsenring et l'Avus.
Les champions 1947 seront Carl Döring (125), Hermann-Paul Müller (250), Hans-Günter Jäger (350), Georg Meier (500), Hermann Böhm/Karl Fuchs (Sidecars 600) et Sepp Müller/Josef Wenzhofer (Sidecars 1200).
On notera le retour à la moto de H.P. Müller et Schorsch Meier faute de volants compétitifs en automobile. Par contre, il manque notamment Kluge et Winkler, encore captifs des Russes.
 

En Italie, la compétition est repartie de plus belle. Chez les grands, Gilera met au point sous la direction de Piero Remor une nouvelle 500 4-cylindres extrapolée de la 250 de 1940. La nouvelle classe 125cc attire de nouvelles marques comme la FB-Mondial des frères Boselli, Moto-Morini d'Alfonso Morini ou MV Agusta, une firme aéronautique créée en 1923 à Verghera par Giovanni Agusta et dirigée désormais par son fils Domenico.
En Angleterre, en plus de la Porcupine d'usine, AJS sort une nouvelle 350 compétition-client, la 7R ou "Boy Racer" promise à un bel avenir.

Le 9 mai, le GP de Bruxelles voit la première course internationale ouverte aux 125cc depuis 1928. Elle sera remportée par le Néerlandais Dick Renooy  sur l'Eysink à moteur villiers 2-temps.
 

Le même jour, des motos courrent pour la première et unique fois sur le circuit de Monaco à l'occasion du GP automobile. Ce circuit dangereux verra l'accident mortel du Britannique Norman Linnecar. C'est l'Italien Aldo Brini (Gilera) qui l'emporte.
On notera que ce GP automobile de Monaco fut la première course internationale d'une Ferrari et une des dernières du grand Tazio Nuvolari.

Le 16 mai encore, le Bol d'Or retrouve le circuit de Saint-Germain. Jacques Lenglet (500 BMW) y couvre 1900 km.
 

Le Dutch TT est la première classique à comporter une course de 125cc.
Malheureusement le circuit d'Assen connaît sa première tragédie avec l'accident mortel du Finlandais Gösta Lönnfors (AJS), percuté après une chute par Marcel Perrin lors de la course des 350cc.
 

Le Grand Prix de Berne, combiné au Grand Prix de Suisse Automobile sera douloureux pour les sports mécaniques italiens.
Omobono Tenni, champion d'Europe en titre, se tue au guidon de sa Guzzi "Albatros" lors des essais des 250cc. Il a heurté un arbre à Eymatt, là où Ruggeri s'était tué en 1947. Il avait 43 ans et avait été le premier non-Britannique à remporter une course du TT en 1937.
Ancien pilote moto, maintenant star de l'automobile, Achile Varzi a trouvé également la mort lors des essais du GP automobile qui verra encore l'accident mortel du suisse Christian Kautz.
 

Les pilotes anglais avaient délaissé le GP de Suisse au profit du Grand Prix de Belgique curieusement disputé le même jour.
Eric Oliver, habituel pilote de 350cc, dispute ici sa première course en sidecar et finit deuxième.
 

Le 18 juillet, le Circuit de Bergame (Italie) voit la première victoire de la nouvelle Gilera-4 aux mains de Massimo Masserini.

C'est cette année l'Ulster GP qui porte le titre de GP d'Europe. Ce GP se déroulera sous des conditions atmosphériques épouvantables.
 

Le Grand Prix des Nations est disputé cette année à Faenza.
Franco Bertoni y offre à la jeune firme MV Agusta sa première victoire. La Gilera-4 y obtient également sa première victoire internationale.
 

Ce Grand Prix des Nations est la dernière grande course de la période des Classiques. L'année 1949 verra la création des Championnats du Monde de courses sur route.
Aujourd'hui les historiens ne reconnaissent plus que les Grand Prix comptant pour ces championnats. Nous avons voulu faire revivre la mémoire de ces grandes courses oubliées...

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